L'IWM POUR QUI?
À l'occasion du 35ème anniversaire de l'Institut des sciences de l'homme de Vienne
Une incitation à la réflexion
La science n'a jamais été honorée comme maintenant. Ceci mérite d’être apprécié, étant donné que la science favorise le progr ... (pardon!) la croissance de la société, ou mieux, au sein de la société. Étant donné que leur développement devrait avant tout générer des bénéfices, il ne faut pas s'étonner que leur financement dans les parlements de presque tous les États occidentaux suscite des débats houleux. Alors que chaque centime dépensé en laboratoires et en équipements pour maintenir les universités et les instituts à jour est controversé, pratiquement rien n’est dit sur la nécessité de promouvoir les sciences humaines ou les matières artistiques. Étant donné qu'il s'agit de professions non-lucratives qui, dans la plupart des cas ne produisent que des chômeurs de longue durée, certains faucons au sein de l'élite dirigeante exigent même que leur enseignement dans les écoles soit aboli.
Heureusement, cette opinion n’a pas (encore) prévalu. On remarque même que certaines institutions spécialisées pour les sciences humaines qui ont acquis une renommée internationale continuent à être promues. Les États et les investisseurs privés y sont impliqués. Apparemment, certains facteurs d’influence ont valu la peine d’être considérés comme des promoteurs des sciences humaines. Leur engagement auprès de l'Institut des sciences de l'Homme de Vienne (IWM) semble confirmer l'existence de cette intention. De toute évidence, les intérêts de la politique sont étroitement liés à l'activité scientifique. Il peut être intéressant de penser à ce qui pourrait en découler ou non.
L'anniversaire au nom de la politique
Le 6 novembre 2017, cet institut, dont vous ne trouverez pratiquement rien en public, a célébré son 35e anniversaire en grande pompe. À cet égard, l'IWM a reçu un tel hommage, auquel de nombreux autres bien plus anciens et du domaine des sciences humaines ne pourraient que rêver: organiser une cérémonie solennelle au palais de Hofburg d’être salué et même loué par son hôte, l'actuel président fédéral Alexander van der Bellen!

La cérémonie d'ouverture à l'occasion du 35e anniversaire de l'IWM à la Hofburg. Deuxième à droite au premier rang: George Soros; Cinquième en partant de la droite: l’ancien président autrichien et actuel président d’IWM Heinz Fischer; Sixième en partant de la droite: le président fédéral autrichien Alexander Van der Bellen.
Cependant, cette célébration n’a pas été tant marquée par les scientifiques que par les politiciens. En effet, outre l'actuel chef d’État autrichien, on pouvait également voir dans la salle son prédécesseur, l'ancien président fédéral Heinz Fischer, qui était devenu président de l'IWM quelques mois auparavant. Y étaient également présents : l'ancien Premier ministre roumain, Mihai Răzvan Ungurenau, l'ancien ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg et l'ancienne ministre croate des Affaires étrangères Vesna Pusić. Il ya avait aussi l'ambassadeur d'Ukraine à Vienne, Olexander Scherba. Annoncée mais absente : Ulrike Lunacek, ancienne vice-présidente du Parlement européen. Par contre la présence de l'une des personnalités les plus influentes du monde financier international, le magnat américain George Soros, et du recteur de l'Université de l'Europe centrale de Budapest (CEU), l'historien canadien Michael Ignatieff, sautait aux yeux. Bien que les principaux médias corporatifs autrichiens avaient tenté de minimiser la présence de ces deux personnes, lors de la célébration du 35ème anniversaire de l'IWM on pouvait quand même constater que c’était eux qui, de fait, dominaient la scène.
Le « cher M. Soros » comme l’avait apostrophé le président Van der Bellen dans son adresse inaugurale[1] est un des principaux bienfaiteurs de l’IWM et l’honneur attribué au recteur de la CEU de tenir le discours solennel à cette occasion ne pourrait pas être considéré comme accidentel. Bien au contraire, on aurait eu l’impression qu’aussi bien le choix du lieu que de la façon dont le 35ème anniversaire de l’IWM avait été célébré visait en premier lieu à rehausser la réputation de Soros étant donné que son prestige, en tant que philanthrope, avait été fortement ébranlé par l’expulsion de son Université de Budapest. Peut-être voulait-on lui prouver que les Autrichiens, surtout deux des cercles gauchisants, verraient avec bienveillance le transfert de la CEU de Budapest à Vienne. D’ailleurs c’était bien l’ancien chancelier fédéral autrichien Christian Kern. À l’époque, il dirigeait le Parti social-démocrate autrichien (SPÖ) aussi. Immédiatement après l’expulsion de la CEU de la Hongrie, Kern avait offert à Soros de l’installer à Vienne.[2] Quant à Maria Vassilakou, maire adjointe de Vienne du parti des Verts, elle avait déjà adressé au recteur Ignatieff de la CEU une lettre contenant une proposition similaire.[3]
Que le 35ème anniversaire de l’WM était dominé par la politique ne fait pas de doutes. à peine a-t-on pu entendre des informations plus précises portant sur les résultats des recherches scientifiques effectués au sein de cet institut. Certes, dans son discours inaugural, le président autrichien avait mentionné les noms de quelques collaborateurs scientifiques de l’IWM les plus en vue mais sans évoquer la qualité ou l’importance de leurs œuvres. Au lieu de ceci, il s’était borné à l’énumération des projets que l’Institut avait élaborés ou des conférences qu’il avait chapeautées. Il est, sans doute, impressionnant d’apprendre – encore de la bouche du président de la République – que l’IWM a 16 programmes de « Fellowship », qu’il organise à peu près 200 « events » par an et que, depuis sa fondation, et que quelques 1.300 personnes ont été ses collaborateurs scientifiques. Mais il aurait été encore plus intéressant de savoir si cette activité s’était déroulée dans le cadre des recherches de l’IWM ou non et, surtout, quels étaient les résultats scientifiques les plus récents réalisés dans son sein. Or, juste ceci était passé sous silence. Il n’a pas été évoqué dans le discours solennel de Michel Ignatieff non plus. Ce dernier préférait se restreindre à lancer un appel à la science et aux scientifiques de sauvegarder leur « âme », notamment en assistant aux réfugiés [4] Par ailleurs, il lançait un avertissement aux étudiants contre le danger de ne voir dans la science qu’une conspiration des élites contre les instincts de la majorité [5] On aurait pu y reconnaitre une conception directrice idéologique et politique claire établie par Soros et ses fondations surtout par rapport au problème des réfugiés et des « théories de conspiration » que les mouvements de la (fausse) gauche s’empressent de répandre si assidûment.
Une mission (plutôt politique)
En effet, vu les circonstances qui régnaient à l’époque de sa fondation ainsi que les personnes ayant aidé sa mise au monde, on aurait du mal de se soustraire à l’impression que la mission, attribuée à l’IWM dès son départ était avant tout politique. Certes les médias corporatifs persistent de minimiser ce fait. Ils préfèrent plutôt parler d’une initiative personnelle émanant de trois jeunes idéalistes, notamment du philosophe polonais Krzystóf Michalski et de ses collègues allemands Cornelia Klinger et Klaus Nellen. À en voir ainsi, ces trois étudiants passionnés pour un courant spécifique de la philosophie connue sous le nom de phénoménologie et qui s’étaient rencontrés aux archives d’Edmund Husserl de Cologne dans les années soixante-dix, avaient eu une chance inouïe d’avoir pu réaliser leur initiative presqu’immédiatement sans jouir du soutien de certains facteurs extérieurs ayant des visées tout autres que purement philosophiques. Pourtant, c’était juste ce qui s’était produit. D’ailleurs, c’est à cette époque que l’Occident avait déclenché une véritable offensive de déstabilisation idéologique et morale du bloc communiste. Son atout majeur était la Pologne qui, grâce son catholicisme militant représentait le maillon le plus faible de l’alliance soviétique et dont le cardinal Karol Wojtyla était devenu pape sous le nom de Jean-Paul II. Pour l’Occident, l’autorité d’un pape polonais pouvait représenter un appui inébranlable á la mise en place d’un mouvement pouvant s’opposer efficacement au totalitarisme communiste. Les intellectuels des pays communistes qui osaient défier le pouvoir en place étaient prêts de s’y engager. Il ne leur manquait que la mise en place d’une plateforme pouvant permettre non seulement l’échange des expériences entre eux-mêmes ou entre eux et leurs collègues occidentaux, mais qui pouvait aussi servir à une coordination éventuelle de leurs activités. Un institut chargé de promouvoir les sciences humaines dans une région géopolitique déterminée était sans doute considéré comme convenant le mieux à la réalisation de cet objectif.
Le fait que le philosophe polonais Krystóf Michalski, considéré comme moteur véritable dans sa mise au point connaissait le pape Jean-Paul II depuis l’époque où celui-ci n’était encore qu’archevêque de Cracovie,[6] était certainement un avantage majeur. D’autre part, Michalski était dès 1981 en contact avec le vice-maire de Vienne de l’époque Erhard Busek. Ce dernier avait séjourné en Pologne entre le 11 et le 18 avril de la même année. À cette occasion, il s’était entretenu avec Michalski et quelques autres intellectuels polonais afin de mettre en place le futur IWM.[7] Peu après, Michaski s’était rendu à Vienne. Il accompagnait Monseigneur Józef Tischner, ami du pape lui-aussi. Tischner portait une lettre du pape adressée à Erhard Busek par laquelle il lui exprimait son souhait que le siège de l’IWM soit établi à Vienne.[8] L’autorisation et la première subvention importante s’ensuivirent sans tarder.[9] Ainsi, dès 1982, l’IWM pouvait entamer ses activités dans la capitale autrichienne.
L’empressement du transfert de l’IWM de Cologne à Vienne saute aux yeux. Apparemment, il y avait un intérêt particulier que le siège de cet institut ne reste pas trop longtemps dans un pays membre de l’OTAN qu’était l’Allemagne de l’Ouest de l’époque et qu’il serait préférable de le transférer aussi rapidement que possible en Autriche neutre. Le fait que « la neutralité éternelle » de l’Autriche était garantie par les grandes puissances alliées y jouait sans doute un rôle décisif. Son activité était ainsi, du moins officiellement, à l’abri des reproches lui pouvant être éventuellement émises, de diffuser la propagande occidentale contre les pays de l’Est. Il est aussi à noter que le pape avait adressé sa lettre non au maire de Vienne, le socialiste Léopold Gratz, mais à son adjoint. Était-ce, peut-être, parce que le vice-maire Busek exerçait de hautes fonctions au sein du Parti populaire autrichien (Österreichische Volkspartei, ÖVP)[10] considéré comme conservateur et qui se référait aux valeurs chrétiennes, ou bien parce qu’il entretenait des contacts intenses avec de différents cercles oppositionnels polonais et tchécoslovaques depuis le Printemps de Prague ?[11] L’information que Busek aurait été juste en 1982 invité à la conférence du groupe des Bilderbergers[12] pourrait être considérée comme indication que certains cercles de politiciens occidentaux très influents voyaient en lui une personnalité particulièrement utile pour leur engagement en faveur de la déstabilisation des États communistes. Le fait que Busek apparaissait, plus tard, aussi sur la liste des membres européens de la Commission trilatérale[13] renforce cette impression.
Ceci d’autant plus, si on sait que cette « usine à penser émettant des conseils politiques » était fondée encore en 1973 à l’initiative du milliardaire américain David Rockefeller en collaboration avec Zbigniew Brzezinski qui était devenu, par la suite, conseiller pour la sécurité nationale du président des États-Unis Jimmy Carter. Il est aussi à noter que la mise en place de l’IWM à Vienne survenait peu après la mort du chef du Parti et de l’État soviétique Léonide Brejnev et dans l’année même de la fameuse rencontre entre le président des USA Ronald Reagan et le pape Jean-Paul II consacrée à la déstabilisation de l’empire soviétique.[14] L’IWM était-il impliqué dans cette initiative aussi ? L’explication de Michalski que l’objectif de l’Institut était « de faire sortir de l’isolement cette intelligentsia se trouvant derrière le rideau de fer où elle s’était abrutie depuis des décennies, de la mettre en contact avec des collègues occidentaux, de les interconnecter et de l’approvisionner avec la littérature aussi »[15] ainsi que l’IWM doit « promouvoir la science ‘dissidente’ »[3] est signifiante. L’empressement de sa fondation et la participation des personnalités politiques e indiquent religieuses éminentes dans son lancement indiquent que ses fondateurs étaient moins concernés par la recherche scientifique que par le souci d’atteindre des objectifs politiques clairement déterminés.
Cette intention se laisse déduire aussi par le nom que l’Institut porte depuis sa fondation. En effet, il est pratiquement identique au celui de la « Maison des Sciences de l’Homme », un établissement français fondé encore dans les années cinquante.[16] S’agit-il d’un hasard ? On pourrait y douter. Il est curieux de constater que l’activité scientifique des deux établissements repose sur l’échange des chercheurs et non sur la formation de cadres scientifiques propres.[17] La façon dont ces deux institutions ont été soutenues lors de leur fondation est semblable aussi. En effet, la Maison des Sciences de l’Homme de Paris avait au début obtenu des dons de la Fondation Rockefeller d’abord et de la Fondation Ford par la suite.[18] Quant à l’IWM, c’est bien le pape Jean-Paul II qui est son soutien principal. Or, Jean-Paul II entretenait des contacts étroits avec son compatriote Zbigniew Brzezinski qui était devenu stratège principal géopolitique américain. Lorsqu’ils se sont rencontrés en 1976 pour la première fois, c’était à l’occasion d’une conférence que le futur souverain pontife, alors encore cardinal Wojtyla, tenait à l’Université de Harvard sur la philosophie de la phénoménologie.[19] Cette conception philosophique semble avoir attiré l’attention de certains cercles gouvernementaux américains. En effet, elle présentait une alternative plus attrayante et humaine aux dogmes pétrifiés du marxisme-léninisme.[20] Mais bien qu’elle ne fût jamais l’idéologie officielle de l’Occident, son rôle dans l’attraction des adversaires déclarés des régimes communistes semble être plus important qu’on ne le conçoit habituellement. On pourrait même dire que c’était un outil idéal dans le travail de sape idéologique entrepris contre les régimes du bloc de l’Est dont l’IWM savait adroitement se servir.
L’interdépendance : IWM – CEU
En effet, les conceptions idéologiques de l’IWM étaient longtemps fortement marquée par le christianisme et l’anticommunisme. L’invitation du pape Jean-Paul II à cet institut de tenir chaque deuxième année ses colloques dans sa résidence d’été de Castelgandolfo considérée comme preuve à l’appui. Cette impression pourrait être renforcée par l’engagement de l’IWM dans l’entretien de la mémoire du philosophe tchécoslovaque Jan Patočka, qui était un des co-fondateurs du mouvement oppositionnel tchécoslovaque « Charte 77 » et dont le legs se trouve dans les archives de l’IWM. Or, les sujets dont se préoccupait l’Institut concernaient plutôt certains problèmes socio-politiques contemporains tels le libéralisme, l’Europe en transformation ou la société civile. S’y ajoutaient certains foyers de crise en Europe de l’Est et du Sud-Est puis, plus récemment, en Hongrie, Ukraine et la Russie. Enfin, l’IWM s’engage aussi en faveur de la théorie du « genre » et de la « diversité ». Ceci indique clairement que l’IWM, en dépit de tous ses efforts de se présenter comme institution scientifique, indépendante et neutre, milite activement en faveur des conceptions chères aux partisans de la « société ouverte » et aux démocrates américains. Autrement dit, il s’agit bel et bien d’une soumission à peine dissimulée de la science aux intérêts des cercles politiques qui dominent l’IWM.
Cette impression se renforce lorsqu’on prend en considération la structure de ses comités de direction. En effet, outre Erhard Busek, on y trouve l’ancien premier ministre de la Saxonie Kurt Biederkopf, membre non seulement de la Commission Trilatérale mais aussi du Pont Atlantique, puis l’ancien ministre des affaires étrangères tchèque Karel Schwarzenberg, membre de la Commission Trilatérale aussi et qui occupe actuellement la fonction de président du Comité de surveillance de l’IWM , ensuite l’ancien ministre des affaires étrangères allemande Joschka Fischer, du Parti des Verts engagé aussi pour le « Albright Stonebridge Group » de son ancienne collègue américaine Madeleine Albright, et le milliardaire George Soros, dont le rôle discret dans l’orientation politique de l’IWM devient de plus en plus visible.
En effet, Soros avait tenté dès le début d’influencer le développement de l’IWM. Selon Erhard Busek, Soros avait offert à l’ancien maire socialiste de vienne Leopold Gratz de payer pour l’assurance du fonctionnement de cet institut autant que la ville de Vienne considérerait comme nécessaire. Gratz a rejeté cette proposition. Toutefois, il a soutenu l’idée d’inclure Vienne dans un réseau décentralisé des succursales de l’Université d’Europe centrale (CEU) qu’il souhaitait fonder.[21] Ainsi, l’IWM avait, à partir de 1989, repris un programme subventionné par Soros visant d’influencer les systèmes d’éducation dans les anciens pays communistes.[22]
Soros, quant ’à lui, n’apparaissait qu’occasionnellement à l’IWM. Or, la liaison entre cet institut et l’Université d’Europe centrale était entretenue aussi par la présence de personnes engagées à la CEU dans les structures de gestion de l’IWM. Il s’agit, notamment, du recteur actuel de la CEU Michael Ignatieff et du politologue autrichien Anton Pelinka.
Cependant, les liens toujours plus serrés entre l’IWM et la CEU ne doivent pas être nécessairement perçus comme signe d’une prochaine fusion de ces deux institutions. On pourrait plutôt y voir un complément de leurs activités, la CEU fonctionnant comme une fabrique de cadres et l’IWM comme une usine à penser. D’autre part, en regardant de près, il apparait de plus en plus clair que ces deux institutions seraient impliquées dans une nouvelle version d’un Kulturkampf. Leur but serait de combattre le principe de souverainisme autoritaire afin de le remplacer par une société (néo)libérale et pluraliste (pluripartiste). Un système pareil qui prône la réduction du rôle de l’État en faveur d’une société civile atomisée à outrance devrait enlever toute entrave à la circulation libre aussi bien du capital que (au besoin) de personnes, pourrait paraître comme une alternative positive à l’autoritarisme ou au néo-conservatisme. Or, à la longue, il se révèle n’être qu’au service d’une mince élite de privilégiés n’aspirant qu’à la consolidation de leur pouvoir à l’échelle mondiale.
Cette tendance se reflète dans la nouvelle orientation des activités de l’IWM aussi. Alors qu’initialement, le domaine de sa préoccupation était, comme chez la CEU, fixée sur les anciens pays de l’Est, depuis quelques années on remarque un revirement vers des sujets mondialistes. Ce changement de cap coïncide avec la disparition, en 2013, du premier recteur de l’IWM Krzystóf Michalski. En effet, sa succession ne fût pas assumée par sa collaboratrice de la première heure, l’Allemande Cornelia Klinger qui assurait l’intérim et la continuité de l’orientation idéologique de l’Institut, mais par l’anthropologue indienne Shalini Randeria qui siégeait non seulement au Conseil d’administration de la CEU mais aussi au Programme pour le soutien à l’éducation supérieure de l’Open Society Foundations.[23]
La nomination à un poste aussi important d’une personnalité dont le site internet officiel ne mentionne pas qu’elle ait occupé un poste quelconque dans les organes de gestions de l’IWM, qu’elle ait du moins été son « Visiting Fellow » ou coopéré avec cet institut dans le domaine scientifique, mais qui apparemment jouit la pleine confiance de Soros est indicative. Un autre signe de changement du domaine d’intérêt de l’Institut est la cessation de la parution de la revue « Transit ».[24] Apparemment, l’orientation vers les sujets à caractère mondialiste devrait contribuer à une meilleure connaissance des problèmes de notre temps. Or, on aurait du mal à exclure l’existence d’une autre intention : celle d’agir sur l’opinion publique surtout dans les régions en crise en faveur de la réalisation de l’idée de la « société ouverte » en s’appuyant sur l’autorité d’un institut à vocation scientifique. Ceci expliquerait les efforts de Soros, entrepris surtout depuis 2014, d’établir son contrôle total sur l’IWM. Il serait, d’ailleurs à peine surprenant que son fils Alexander, qui y avait séjourné comme « Visitig Fellow » à deux reprises,[25] y prend les rênes à son tour.
Le rôle des « Fellows »
Que l’IWM poursuit plutôt des objectifs idéologiques et politiques que scientifiques peut être déduit de la structure organisationnelle de l’Institut aussi. La première chose que l’on remarque est l’absence d’une activité de recherche de longue durée effectuée par un personnel scientifique employé à plein temps. On ne peut y trouver qu’un noyau dur de « Permanent Fellows », c’est-à-dire, membres permanents composés de quelques chercheurs de renom, qui constituent une sorte de conseil scientifique, mais dont l’activité principale se déroule dans des établissements scientifiques de leurs pays d’origine. Les autres sont soit des « Senior Fellows », des « Visiting Fellows» ou des « Junior Visiting Fellows ». Il s’agit surtout de jeunes chercheurs en sciences humaines travaillant sur un sujet scientifique précis et adossé à un des projets de l’IWM. Or, ceux-ci ne travaillent ni se présentent formellement comme chercheurs de l’IWM. Mais ceci n’empêche pas l’IWM de se vanter d’avoir hébergé quelques 100 « Fellows » par an[26] et d’avoir accueilli plus de 1.300 personnes depuis sa fondation.[27]
Cette mise en avant de la fréquence des visites par rapport à l’importance de leur contribution à la recherche scientifique pourrait être considérée comme indication supplémentaire de son instrumentalisation en faveur des intérêts qui ne lui sont pas propres. En effet, il s’agissait en premier lieu d’attirer les chercheurs en sciences humaines, surtout ceux des anciens pays de l’Est, les attacher à l’Institut, les interconnecter et les gagner pour une cause idéologique déterminée. Une fois rentrés dans leurs pays d’origine, ceux-ci pouvaient agir comme « multiplicateurs » des conceptions politiques occidentales. En tant que tels ils étaient aptes influencer leurs élites intellectuelles et les mobiliser à militer en faveur des objectifs pro-occidentaux, pour ne pas dire pro-américains. Ceci d’autant plus, si ces « fellows » parviendraient à occuper des fonctions influentes voire même dirigeantes dans leur pays respectifs. C’était le cas du Serbe Zoran Djindjić, du Polonais Tadeusz Mazowiecki, de la Slovaque Iveta Radičova et du Roumain Mihai Răzvan Ungureanu, tous devenus premiers ministres de leurs États. D’autres « fellows » ou bien membres du conseil d’administration de l’IWM exerçaient des fonctions importantes au sein de l’Union Européenne. Ainsi l’Autrichienne Ulrike Lunacek était vice-présidente du Parlement européen tandis que l’Anglais d’origine allemande, Lord Ralf Dahrendorf était commissaire des affaires étrangères et du commerce de la Communauté Européenne (ancêtre de l’UE) et aussi commissaire pour la recherche, science et l’éducation de la même institution. Impossible de nier leur contribution à ranger l’Union Européenne sur les positions politiques de Soros et du Parti démocrate américain. Ceci, naturellement, avec le soutien des mouvements politiques européens d’obédience gauchiste et écologiste. Jusqu’à sa mort en 2009, Lord Dahrendorf était considéré comme « fellow » le plus en vue de l’IWM. En effet, il a non seulement longtemps occupé la fonction de directeur de la prestigieuse London School of Economics néolibérale, mais il avait aussi été membre fondateur de la Commission trilatérale et du groupe Bilderberg. En plus, c’était un bon ami de Soros. On pourrait aussi se demander si Ivan Krastev, le nouveau « permanent fellow » de l’IWM, n’est pas en train de le remplacer car il siège non seulement au comité consultatif de l’Open Society Foundations de Soros mais il est également membre de l’International Forum for Democratic Research Council du National Endowment for Democracy (NED).[28] Il s’agit, d’ailleurs, d’une organisation ayant la réputation d’être une vitrine légale de la CIA…[29]
Un groupe des « fellows » semble être particulièrement intéressant pour l’IWM car il est composé de personnes originaires de la Russie. Il s’agit surtout d’intellectuels ouvertement opposés au régime du président russe Vladimir Poutine. Sur la liste des « fellows » de l’IWM figurent les noms d’Anna Politkovskaïa, journaliste qui a payé de sa vie ses rapports sur les violations des droits de l’Homme que l’armée russe avait commise pendant la guerre de Tchétchénie, puis de la militante LGBT russe Masha Gessen, auteure d’une biographie particulièrement hostile de Poutine, ensuite de Sergueï Tchapnine, relevé de son poste de rédacteur en chef du « Journal du Patriarcat de Moscou » et du « Courrier de l’Église » pour avoir ouvertement critiqué l’attitude opportuniste de l’Église orthodoxe russe envers le gouvernement, ainsi que de Gleb Pavlovski, ancien partisan de Poutine devenu son adversaire acharné, d’Irina Prokhorova, éditrice de la revue littéraire russe « New Literature Observer » qui avait critiqué Poutine en raison de l’annexion de la Crimée, d’Irina Chtcherbakova, spécialiste en sciences de la culture, qui a condamné le manque de volonté en Russie de se confronter avec son passé et même de la politologue américaine Nina Khrouchtcheva, arrière-petite-fille de l’ancien chef du Parti et du gouvernement communiste soviétique Nikita Khrouchtchev, dont les commentaires sont publiés dans la revue électronique « Project Syndicate » subventionné par Soros aussi. Apparemment, les sujets liés à la Russie préoccupent l’IWM tout particulièrement. Peut-être parce que Poutine a contrecarré les agissements de Soros en Russie[30] tandis que le premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui fait les yeux doux au président russe, a chassé de son pays non seulement la CEU mais aussi la Open Society Foundations[31] dont il était naguère boursier…[32]
En ce qui concerne les autres domaines d’intérêt de l’IWM, n’importe s’il s’agit de l’histoire, du journalisme, de la sociologie, de la politologie, de la littérature, de la religion, de l’identité sexuelle (genre), des migrations ou des traductions, on peut toujours y trouver un dénominateur commun : l’engagement pour une société libérale, démocratique, pluraliste « ouverte » et politiquement correcte. Cette activité se laisse facilement justifier si une institution à vocation internationale telle l’IWM est légitimée par des chercheurs de renom qui y sont membres. Or, dans ce cas le risque de confondre les objectifs scientifiques avec ceux de la science persiste. D’habitude les élites qui soutiennent des institutions pareilles n’hésitent pas de les façonner à leur mesure. L’IWM ne semble pas y être exemptée. Sinon l’aurait-on si généreusement soutenu et célébré dans un cadre surtout politique et idéologique mais aucunement scientifique?
L’anomalie
Effectivement, les élites occidentales ont besoin de s’appuyer sur une institution scientifique, si possible internationale, afin de faire accepter leur vision du monde à l’opinion publique. Dans ce sens, l’IWM semble être bien engagé dans cette tâche. Mais dans ce cas il faudrait quand même se demander quel en serait l’effet. Serait-ce l’élaboration des directives idéologiques pour les chercheurs ou la monopolisation de la de la recherche dans le domaine des sciences humaines ?
Bien que les considérations de ce genre puissent paraître exagérées, cette évolution devrait être suivie avec attention. On pourrait en effet remarquer que, par rapport aux autres établissements de recherche nationaux en sciences humaines, l’IWM se trouve dans une situation privilégiée. Tandis que les premiers sont traités en parent pauvre et qu’un grand nombre de chercheurs dans ce domaine reste ou bien au chômage ou bien doit changer de profession, un institut international qui, certes a des projets scientifiques élaborés mais ne poursuit aucune activité de recherche durable par des équipes engagées à plein temps qui lui seraient propres, se voit hissé au niveau d’un Olympe intellectuel et, par conséquent, choyé. Le soutien que lui accordent certaines grandes fondations privées et personnalités richissimes incite les États de lui mettre sans problèmes particuliers et pratiquement sans hésitation des subventions à la disposition.[33]
Il est, toutefois, curieux de voir que les informations sur la nécessité et l’utilisation de ces sommes font défaut. Ainsi on peut se poser la question si elles ont été objet de débat dans les cercles politiques influents ou aux parlements. On remarque, d’ailleurs, que les médias corporatifs évitent tout commentaire critique concernant l’IWM et se résignent à des informations descriptives surtout lors des célébrations jubilaires effectuées en présence des personnalités en vue. L’apparence du prestige de l’Institut continue ainsi de produire une image positive de son activité. Mais, l’opinion ne se laisse pas duper aussi simplement que les médias corporatifs aimeraient le faire croire. Certaines lettres des lecteurs publiées dans des grands quotidiens autrichiens posent la question s’il ne s’agit quand même pas d’une anomalie.[34]
Or, les chercheurs en sciences humaines ne semblent pas avoir des préoccupations de ce genre. Peut-être parce qu’ils n’en parlent pas (du moins publiquement). Ils gardent leur mutisme même quand le moral et l’éthique professionnelle sont en question. En effet, si on est engagé comme chercheur et qu’on a l’occasion – d’ailleurs de plus en plus rare – de travailler dans une institution scientifique à plein temps, il vaut mieux éviter d’entrer en conflit avec des politiciens siégeant dans ses comités de gestion et surtout pas avec ceux d’entre eux qui sont liés à de puissantes organisations internationales fonctionnant à huis-clos. Ces personnes sont parfois extrêmement sensibles, voire même vindicatives ce qui peut avoir des répercussions néfastes sur l’avenir professionnel de tout chercheur qui oserait exprimer des critiques à l’encontre des conceptions politiques qu’il représentent ou bien de mettre en question le rôle politique des (soit disant ?) institutions scientifiques qu’ils chapeautent.[35]
Déjà pour cette raison les scientifiques souhaitant sauvegarder la fidélité à l’éthique professionnelle, devraient s’opposer à toute pression effectuée « d’en haut ». Par conséquent, ils devraient refuser aussi toute collaboration avec des institutions lesquelles sous le couvert de la science effectuent de fait un travail de propagande politique. Or, ceci n’est pas facile à faire. Les jeunes chercheurs aspirant à l’affirmation professionnelle, mais manquant encore de maturité leur permettant d’entrevoir les abus de la science à des fins autres que scientifiques, se laissent impressionner par toute interprétation passionnée et simplifiée. Ceci leur facilite l’identification avec les représentants du « bon côté » de la politique et d’agir contre tous ceux qui s’y opposent. Ce n’est que rarement ou bien seulement tard qu’ils finissent par se rendre compte que l’emprise de la politique sur la science et les sciences humaines tout particulièrement est d’autant plus forte que les institutions scientifiques sont, dans la plupart des cas, fondées comme des associations. Par conséquent, dans leurs conseils d’administration siègent non seulement les bailleurs de fonds mais aussi des politiciens. Comme ceux-ci ont la haute main sur leur fonctionnement la conséquence ne peut être autre que la politisation qui, dans le pire des cas, risque même d’aboutir à la négation de leur activité scientifique.[36]
Enfin, si certaines personnalités influentes qui ne sont pas des hommes de science siègent dans des conseils d’administration de plusieurs institutions s’occupant de la recherche dans des domaines similaires, il y a le risque que ceux-ci puissent exercer le contrôle sur des pans entiers de la recherche scientifique. Étant donné qu’ils ont la possibilité d’influencer aussi le choix des collaborateurs scientifiques de ces établissements,[37] ils peuvent contribuer davantage au développement d’un esprit opportuniste dans leur sein. En principe, ils pourraient encourager la recherche scientifique de façon indépendante, critique et professionnelle. Or, en réalité ils n’hésitent pas de la stériliser voire même paralyser si leur intérêt est en jeu. La structure associative des institutions de recherche scientifique ne peut, d’ailleurs, que faciliter la création des conditions devenant de plus en plus semblables aux celles qui caractérise tout régime totalitaire. Alors, que faire ?
Collaboration opportuniste ou alternative ?
Les chercheurs, surtout ceux du domaine des sciences humaines, sont mis devant le choix : ou bien d’accepter l’instrumentalisation de leur profession à des fins de la propagande politique et, par conséquent, de profiter des avantages financiers et promotionnels mis à leur disposition, ou bien de rester fidèle à l’éthique de leur profession et de ne pas hésiter de faire des analyses critiques concernant même des sujets tabouisés au risque de subir des répercussions pouvant leur être parfois fatales.
Toutefois, à certains égards, la collaboration crée des conditions meilleures, du moins quand il s’agit de la diffusion des résultats de recherche et de la promotion individuelle. Être employé dans une institution scientifique de renom, ayant des financements assurés, peut permettre aux chercheurs d’être rémunérés convenablement et de se consacrer à la recherche à plein temps. En plus, l’accès aux sources du pays et de l’Étranger leur sera facilité. D’autre part, la participation aux colloques les mettra en contact avec leurs collègues des différentes parties du monde. Enfin, leurs travaux pourront être publiés plus facilement et la publicité dans les grands médias contribuera aussi à leur promotion. L’acribie servira de témoignage de leur sérosité et objectivité scientifique. Quant à l’interprétation, il leur suffit de respecter certains principes idéologiques et politiques qu’il ne faudrait pas transgresser.
Au fond, n’est-ce pas ce type de chercheurs que les politiciens et les philanthropes préfèrent ? En effet, ce qui leur importe c’est que ces experts soient disposés d’agir plutôt comme des fonctionnaires engagés à leur service que comme des savants indépendants dans le sens strict du terme. Une institution comme l’IWM semble d’ailleurs être taillée à leur mesure. Certes, l’ancienne recteure de l’IWM par intérim Cornelia Klinger affirmait que son institut doit être un lieu « d’examen neutre et indépendant des problèmes intellectuels, sociaux et politiques brûlants de [notre] temps ».[38] Mais, dans la pratique, c’est plutôt une impression contraire qui s’y dégage. Le fait que des chercheurs de renom y collaborent ne suffit pas de la mettre en doute car ceux-ci se voient obligés d’éviter toute évaluation critique pouvant remettre en question les cercles politiques, économiques ou financiers qui les chapeautent. Enfin, une institution internationale qui, à l’exemple de l’IWM, tend à utiliser la science comme moyen de dissimulation des agissements des élites dans d’autres domaines de la vie publique, risque de devenir un véritable obstacle au développement la recherche indépendante. En effet elles absorbent les moyens financiers dont les instituts et facultés nationaux en sciences humaines ont cruellement besoin et, en même temps, elles favorisent la mise au pas de la pensée scientifique allant jusqu’à soutenir le militantisme politique tels les agissements des « fellows » russes de l’IWM opposés au régime actuel dans leur pays.
Quant à ceux qui préférant sauvegarder la fidélité aux principes moraux et de l’éthique professionnelle refusent toute soumission aux intérêts des élites politiques ou non, c’est la mise en marge qui les menace, à moins qu’ils ne se lancent à la recherches des alternatives de leur propre gré et avec des moyens inappropriés. Ceci peut être extrêmement pénible, voire même déprimant, car l’accès aussi bien aux sources qu’aux collègues employés dans des institutions scientifiques ainsi qu’à l’opinion publique devient quasiment impossible. La tentation du changement de la profession voire même de son abandon pèse, alors, de tout son poids. Beaucoup y cèdent. C’est un dégât qui se produit ainsi. Or, il concerne non seulement les scientifiques mais la science aussi.
Pourtant une société aspirant au progrès et au bien-être de l’humanité pourrait sans doute y trouver un remède. Il lui devrait être clair qu’il lui serait plus utile de rémunérer les scientifiques restés actifs dans leur domaine professionnel même n’étant pas employés dans des institutions scientifiques classiques que de les obliger à changer de profession ou envoyer au chômage. Mais comme ceci n’est pas (encore) le cas, il ne reste aux plus farouches d’entre eux que de rester fidèles à eux-mêmes et à continuer de travailler dans leur domaine professionnel. Tant pis si leurs résultats n’aboutiront que dans des tiroirs. Du moins ce sont les germes de l’esprit qui s’y trouvent. Enfin, il y a toujours de l’espoir que certains d’entre eux pourraient tomber sur la bonne terre et porter des fruits même si ce ne serait que dans un avenir lointain.
Toutefois, la communication électronique et digitale apporte un certain réconfort. En effet elle peut permettre aux personnes partageant les mêmes idées de s’interconnecter et de mettre les résultats de leurs travaux à la connaissance de l’opinion publique par le biais de la toile. À la rigueur, ceci pourrait être le premier pas vers la mise en place d’une alternative constructive aux institutions scientifiques classiques trop politisées ou refermées sur elles-mêmes. Étant donné que la mise au pas idéologique – cette fois néolibérale – continue de menacer la liberté d’expression au sein des sciences humaines, l’internet offre aux scientifiques libre-pensants une plateforme leur permettant de se soutenir mutuellement. Ainsi ils pourraient plus aisément faire face à l’influence des cercles politiques ou financiers effectuée par leurs représentants dans des comités d’administrations des institutions scientifiques officielles. Ceci d’autant plus car ces derniers, qui souvent n’ont aucune qualification scientifique adéquate, n’hésitent pas d’avoir le dernier mot aussi bien dans la gestion des instituts que dans le choix des chercheurs.
Afin d’éviter le sacrifice de l’esprit créatif à la médiocrité opportuniste politiquement correcte le combat pour la libération des sciences humaines doit être poursuivi. Les chercheurs animés par l’amour envers leur profession doivent s’y engager. Heureusement pour eux, l’internet leur offre un moyen de communication de choix. D’autre part, elle leur permet la publication de leurs analyses, résultats et opinions. Ils peuvent agir de façon individuelle, par le biais des blogs, mais aussi en se regroupant autour des revues électroniques fondées par leurs propres soins. Ceci pourrait encourager des initiatives collectives, assurer une certaine coordination dans la recherche et contribuer au développement de nouveaux courants de pensée. Serait-ce une version plus sophistiquée des samizdats, ces fameuses publications clandestines qui sapaient l’orthodoxie idéologique des régimes communistes?
En quelque sorte, oui. Mais les publications électroniques sont, en principe, plus facilement accessibles aux lecteurs que des samizdats recopiés à la main et distribués illégalement. D’autre part, elles n’auront pas comme objectif de faire appel aux émotions et de favoriser un système politique existant à un autre, mais de mobiliser la réflexion afin de trouver une alternative encore non-existante à une situation qui pervertisse l’esprit et déstabilise la société dans le sens global du terme. Par ce biais les sciences humaines pourraient parvenir à sortir de la marginalisation où elles ont été poussées par les agissements des cercles politiques et financiers néolibéraux, mais certainement pas par le soutien aux institutions internationales dites scientifiques mais fortement politisées. Comme l’IWM fait part de cette catégorie, il est clair qu’il n’est d’utilité que pour ceux qu’il sert. Quant aux autres qui préfèrent ne pas le faire, il ne leur reste que d’agir conformément à la morale humaine et à l’éthique professionnelle. Bien que dans l’immédiat ça ne paye pas, à la longue ça vaut quand même la peine, car en fin de compte, l’humanité ne compte-t-elle pas plus que les élites qui, entre autres, détruisent l’esprit critique par le politiquement correct ?
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[1] 35 Jahre IWM: Jubiläumsfeierlichkeiten in den Hofburg,[35 ans de l’IWM: la célébration jubilaire au palais de Hofbourg] Video, 9:02, http://www.iwm.at/the-institute/news/35-jahre-iwm-jubilaumsfeierlichkeiten-in-der-hofburg/
[2] Lors d’une conférence de presse, Kern avait déclaré que « vu les relations étroites que j’entretiens avec M. Soros avec lequel je me suis rencontré à plusieurs reprises ainsi que l’échange d’opinions que j’avais eu avec lui et qu’en raison de son conflit avec Viktor Orbán je lui avais finalement offert d’installer son université à Vienne, j’ai précisé que je suis aussi prêt à le soutenir afin qu’il puisse ainsi trouver une bonne solution pour son université » (Voir: Puls4 News, 1. Oktober 2017, 1:46 PM
[3] Maria Vassilakou – Michael Ignatieff, Vienna, 3. April 2017, www.ceu.edu/sites/default/files/attachment/article/18476/cityofvienna.pdf
[4] Michael IGNATIEFF, Free Tought and Knowledge as Care of the Soul, [La pensée libre et la connaissance comme sauvegarde de l’âma] in: IWMPost, No.121, Spring/Summer 2018, pp. 6-7, 7[5] Ibid.ttps://www.facebook.com/puls4news/videos/10155172585154613/)
[5] Ibid.
[6] « Michalski était en contact étroit avec un autre penseur polonais, le cardinal Wojtyla » (Voir: Fritz STERN, Fünf Deutschland und ein Leben: Erinnerungen, [Cinq Allemagnes et une vie. Souvenirs]München, C.H. Beck, 2007, https://books.google.at/books?id=3HqdDgAAQBAJ&pg=PT395&lpg=PT395&dq=michalski+papst&source=bl&ots=swYLFrUfX9&sig=ACfU3U3wW_2myGr9TP3kwZ3V1PGzxRs5_w&hl=en&sa=X&ved=2ahUKEwili-DB88ngAhXFpIsKHd-gAbAQ6AEwBXoECAMQAQ#v=onepage&q=michalski%20papst&f=false).
[7] À part Erhard Busek et Krystóf Mihalski, les autres participants à cet entretien étaient Tadeusz Mazowiecki, Wladislaw Bartoszewski et Stanislav Stomma. (Voir: Elizabeth WELZIG [Hg], Erhard Busek – ein Porträt, [Erhard Busek – un portrait] Wien – Köln – Weimar (Böhlau) 1992, p.256).
[8] Erhard BUSEK, Polnische Pioniertaten für Wien [Les activités pionières polonaises pour Vienne], in: Wiener Zeitung, 13. Februar 2013, https://www.wienerzeitung.at/nachrichten/oesterreich/chronik/524339_Polnische-Pioniertaten-fuer-Wien.html
[9] « C’est à Leopold Gratz, maire de Vienne d’antan, que l’on doit la reconnaissance pour l’octroi rapide d’un million de schillings car il avait compris l’avantage qu’offrait un établissement pareil à Vienne vu la situation de l’époque à la veille de 1989 » (Ibid).
[10] À l’époque de la fondation de l’IWM Busek occupait la fonction de porte-parole pour la culture de l’ÖVP.et président du même Parti pour la région de Vienne. (Voir: Elizabeth WELZIG [Hg.], Erhard Busek. Ein Porträt, [Erhard Busek. Un portrait], Wien-Köln-Weimar, Böhlau, 1992, p.293).
[11] Busek affirme s’être rendu à Prague deux jours après l’entrée des troupes soviétiques dans la capitale tchécoslovaque et d’avoir établi des contacts avec les opposants polonais par le biais « de groupes tchécoslovaques engagés à établir le dialogue entre chrétiens et marxistes […] Début des années 1980 j’ai aussi pris part au Congrès fondateur de Solidarnošć » (Voir: Margaretha KOPEINIG, Die Entwicklungen wurden hier nicht verstanden,[Les évolutions n’étaient ici pas comprises] [Interview de l’auteure avec Erhard Busek], in: Der Kurier, 21. Februar 2014, https://kurier.at/freiheit/erhard-busek-im-interview-25-jahre-freiheit/52.470.464
[12] Selon „Public Intelligence“ qui se présente comme projet de coopération en faveur d’un accès ouvert à l’information, Busek aurait participé à la conférence des Bilderbegers tenue du 14 au 16 avril 1982 à Sandefjord. . (Voir: 1982 Bilderberg Meeting Participant List [Liste des participants de la rencontre de Bilderberg 1982], in: Public Intelligence, 12. février 2010, https://publicintelligence.net/1982-bilderberg-meeting-participant-list/). Cette organisation précise que cette liste, n’étant pas officielle, pourrait contenir des déficiences. (Ibid).
[13] (Siehe: 1982 Bilderberg Meeting Participant List [Teilnahmeliste des Bilderberg Treffens 1982], in: Public Intelligence, 12. Februar 2010, https://publicintelligence.net/1982-bilderberg-meeting-participant-list/).Bilderberg Group and Rhodes Scholars, https://archive.org/stream/2012BILDERBERGMEETINGSSPECIALREPORT171/Portraits-of-Trilateral-Commission-Members-Members%20of%20the%20Trilateral%20Commission%20(as%20of%20May%202012)%20%20European%20Group-40_djvu.txt )
[14] Cette rencontre avait eu lieu le 7 juin 1982 dans la bibliothèque privée du pape. /Voir : Carl BERNSTEIN, The Holy Alliance [La sainte alliance], in : The Time, 24 février 1992, pp. 12-19, 12, http://content.time.com/time/magazine/article/0,9171,159069,00.html ). Trois semaines avant sa rencontre avec le pape, Reagan avait signé un ordre secret (NSDD 32) autorisant l’imposition d’une série de mesures économiques et secrètes « afin de neutraliser les efforts de l’Union Soviétique de maintenir sa domination sur l’Europe de l’Est. […] Ce document qui insistait sur la nécessité de la défense des réformes démocratiques dans l’ensemble de l’empire soviétique, contenait un appel au renforcement des activités de propagande et des émissions radiodiffusées illégales en Europe de l’Est, activités que les assistants de Reagan et les dissidents est-européens considéraient comme particulièrement efficaces pour anéantir la notion de l’invincibilité soviétique ». (Ibid, p.16). Sur la collaboration entre les États-Unis et le Vatican dans la déstabilisation des régimes communistes de l’Europe de l’Est, voir aussi : Carl BERNSTEIN – Marco POLITI, His Holiness John Paul II and the Hidden History of our Time [Sa Sainteté Jean-Paul II et l’histoire cachée de notre temps], London – New York [etc.], Bantam Books 19962 Part V, pp. 267 – 433).
[15] Voir: Thomas E. SCHMIDT, Wissenschaft für eine künftige Bürgergesellschaft, [La science pour une société civile future] in: Frankfurter Rundschau, 3 juin 1996.[3] Ibid.
[16] Toutefois la traduction officielle allemande du nom de l‘établissement français est « Haus der Humanwissenschaften ». (Voir: https://de.wikipedia.org/wiki/Fondation_Maison_des_Sciences_de_l%E2%80%99Homme). Or, la traduction littérale allemande de la notion « Sciences de l’Homme » n’est autre que « Wissenschaften vom Menschen ».
[17] La „Maison des Sciences de l’Homme“ (depuis 1963 Fondation) ne gère aucun établissement universitaire et ne possède aucune équipe de chercheurs qui lui serait propre. (Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_Maison_des_Sciences_de_l%27homme) .
[18] La Maison des Sciences de l’Homme est issue de la VIème section de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) de Paris. Elle était consacrée à l’étude des sciences sociales. Les premières négociations entre le directeur de l’enseignement supérieur français Pierre Auger et le directeur adjoint de la Fondation Rockefeller avaient eu lieu encore en 1947. Selon Ludovic Tournès, les services secrets américains (notamment l’OSS qui était l’ancêtre de la CIA actuelle) avait déjà en 1942 fondé une section particulière dans son sein nommée « Research & Analysis ». Elle réunissait quelques 900 spécialistes de tous les domaines scientifiques afin d’effectuer des recherches interdisciplinaires de toutes les régions du monde qui pourraient intéresser la politique étrangère américaine. Cette initiative était soutenue en France par des historiens de renom regroupés autour de la revue « Annales » dont Lucien Febvre et, surtout, Fernand Braudel. La Maison des Sciences de l’Homme était fondée sous ce nom le 28 mai 1957. Elle avait, au début, le statut d’une association et avait été transformée, en 1963, en une fondation. (Voir: Ludovic TOURNÈS, Sciences de l’homme et politique, Les fondations philanthropiques américaines en France au XXème siècle, in : HAL, archives-ouvertes.fr, 10. Dezember 2011, https://www.researchgate.net/publication/278755157_Sciences_de_l'homme_et_politique). Il est à noter qu’un quart des fonds de la VIème section de l’EPHE provenait de la Fondation Rockefeller. En 1959, la Fondation Ford avait donné un million de dollars US pour la mise en place de la Maison des Sciences de l’Homme. (Voir: Bertrand CHAVAUX, EHESS [ École des Hautes Études en Sciences Sociales]: Les sciences sociales françaises sous perfusion de la CIA, in: Réseau Voltaire, 7 juillet 2004, https://www.voltairenet.org/article14465.html).
[19] La rencontre avec Brzezinski avait eu lieu dans le cadre de la visite du cardinal Wojtyla aux États-Unis que lui avait organisé, en 1976, la fondatrice de l’International Husserl and Phenomenological Research Society Anna Teresa Tymieniecka. La tournée de Wojtyla à travers les États-Unis fut un triomphe. Hendryk Houthakker, un influent expert en économie et époux d’Anna Teresa Tymieniecka, avait tenu un toast en honneur de Wojtyla et l’avait déjà présenté comme futur pape ! Brzezinski, enthousiasmé par une conférence de Wojtyla tenue à l’université de Harvard à laquelle il avait assisté, avait invité Wojtyla de prendre une tasse de thé avec lui et les deux personnalités d’origine polonaises sont, par la suite, restés en contact épistolaire. (Siehe: Carl BERNSTEIN – Marco POLITI, His Holiness, John Paul II and the Hidden History or our Time, London – New York, etc, Bantam, 19962, pp. 289-290). Plus tard, à l’issue du conclave qui avait abouti à l’élection du cardinal Wojtyla comme nouveau pape, Brzezinski, à la tête d’une délégation américaine, s’était rendu officiellement chez Jean-Paul II pour lui présenter les félicitations du gouvernement américain. Selon Brzezinski, le pape lui avait, à cette occasion, exprimé sa reconnaissance et lui avait chuchoté à l’oreille que c’est à lui qu’il doit ce « job au sein du Saint-Siège ». (Voir: Andrzej LUBOWSKI, Zbig: The Man who Cracked the Kremlin [Der Mann, der den Kreml zersprengt hat], Open Road Media, 17. Dezember 2013, https://books.google.at/books?id=G0JiAwAAQBAJ&dq=brzezinski+vatican+conclave+1978&source=gbs_navlinks_s).
[20] Le rôle des instituts de phénoménologie qu’Anna Teresa Tyminiecka avait fondé aux États-Unis depuis 1969 ne devrait pas être sous-estimé. Ils étaient toujours désignés comme « internationaux ».En 1976, dans l’année même de la visite du cardinal Wojtyla aux États-Unis, trois de ses instituts furent fusionnés pour donner la naissance au World Institute for Advanced Phenomenological Research and Learning,[L’institut mondial
[21] Erhard BUSEK, Mitteleuropa. Eine Spurensicherung [L’Europe centrale, un relevé des empreintes],Wien, Kermayr & Scheriau, 1997, p.105-106
[22] Ibid.
[23] Concernant la biographie officielle de Shalini Randeria et les fonctions qu’elle occupait dans leurs comités de gestion, voir : : http://www.iwm.at/the-institute/permanent-fellows/shalini-randeria/ard, The World Phenomenology Institute [Institut mondial de phénoménologie] (Voir: Ana Teresa Tymieniecka, https://de.wikipedia.org/wiki/Anna-Teresa_Tymieniecka).
[24] Klaus Nellen, qui dirigeait „Transit“ depuis sa parution, voyait deux raisons pour sa suppression. La première était la digitalisation qui avait abouti à une crise des médias classiques et, la seconde, le changement des domaines d’intérêt de l’Institut sous la nouvelle direction qui s’est tourné du dialogue Est-Ouest vers des sujets traitant les problèmes mondiaux. (Voir: Paul JANDL, Eine Zeitschrift verschwindet, aber nicht der Graben, den sie zu überwinden versuchte [Une revue disparaît mais pas les clivages qu’il tentait de surmonter], in: Neuer Zürcher Zeitung, 10 Februar 2018, https://www.nzz.ch/feuilleton/eine-zeitschrift-verschwindet-aber-nicht-der-graben-den-sie-zu-ueberwinden-versuchte-ld.1355441).
[25] Alexander Soros a séjourné à l’IWM en novembre et décembre 2015 et puis en avril et mai 2016 comme « Visiting Fellow ». Il y travaillait sur le projet « Börne Identity ». C’était une partie de sa thèse de doctorat (PhD) Jewish Dionysus: Heine, Nietzsche and the Politics of Literature [Le Dioysos juif. Heine, Nietsche et la politique de la littérature] qu’il avait soutenu à l’Université de Berkley en Californie en 2018. (Voir:: https://alexsoros.com/bio/ und http://www.iwm.at/the-institute/former-visiting-fellows/alexander-soros/).
[26] IWM – Institut für die Wissenschaften vom Menschen, Fellowship Programs, (http://www.iwm.at/fellowship-programs/
[27] Ibid.
[28] NED, Ivan Krastev, (https://www.ned.org/experts/ivan-krastev/)
[29] Thierry MEYSSAN, NED, the Legal Window of the CIA, in: Voltaire Network, 16 August 2016, https://www.voltairenet.org/article192992.html
[30] Le 30 novembre 2015, le gouvernement russe a déclaré que les activités de l’Open Society Foundations et de l’Open Society Assistance Foundation (toutes les deux appartenant à Soros) sont « indésirables »dans le pays. Ceci était survenu en réaction à la déclaration de Soros faite en janvier de la même année en faveur du renforcement du soutien de l’Occident à l’Ukraine contre « l’agressivité croissante » de la Russie. (Voir: Jennifer ALBAN, Russia bans George Soros Foundation as state security ‚threat‘, [La Russie met au banal foundation de Soros comme menace pour la sécurité de l’État] in: Reuters, 30 novembre 2015, https://www.reuters.com/article/russia-soros/russia-bans-george-soros-foundation-as-state-security-threat-idUSL1N13P22Y20151130).
[31] La mise au ban de la CEU avait été entreprise le 25 mars 2017. La clôture de la CEU et son transfert à Berlin ont été annoncés le 15 mai 2018. Or, le 8 décembre 2018, la CEU déclarait son intention de déménager à Vienne. (Voir: Central European University [l’Université d’Europe Centrale], in: Wikipedia, https://en.wikipedia.org/wiki/Central_European_University).
[32] En 1989 le Premier ministre hongrois Viktor Orbán avait obtenu une bourse de l’Open Society Institute pour étudier la philosophie politique au Pambroke College de l’Université d’Oxford chez le Prof. Zbigniew Pielczinski qui était un ami de Soros. Orbán n’était resté à Oxford que quatre mois. Il s’était empressé de rentrer en Hongrie afin de pouvoir prendre part aux élections parlementaires de 1990. Après s’être brouillé avec Soros en raison des différents concernant l’accueil des réfugiés, Orbán avait offert à Soros de lui rembourser le montant de sa bourse. (Voir: Christian KESZTHELY, Lázár: Orbán would repay scholarship in snub of Soros [Lázár: Orbán veut rembourser le montant de sa bourse après s’être heurté à Soros], in: Budapest Business Journal, 26. Mai 2016, https://bbj.hu/politics/lazar-orban-would-repay-scholarship-in-snub-of-soros_116700).
[33] Selon le quotidien autrichien „Der Standard“, « le financement de base de l’IWM provient de la Fédération [c’est-à-dire de l’État autrichien], de la ville de Vienne, et…de l’Open Society Foundations [sic !] ; en plus il reçoit des subventions pour ses programmes de l’intérieur et de l’Étranger ». Toutefois les médias corporatifs ne publient pas des informations précises concernant le montant de la somme totale mis à la disposition de l’IWM. On a seulement pu apprendre qu’en 2013 l’Autriche avait conclu un accord avec la Pologne sur le financement commun de l’IWM jusqu’en 2016. Selon cet accord, l’IWM devait obtenir annuellement 750.000 euros. (Voir: Polen finanziert Institut für Wissenschaften vom Menschen mit [La Pologne co-finance l’Institut für die Wissenschaften vom Menschen], in: Der Standard, 11 novembre 2013, https://derstandard.at/1381371515515/Polen-finanziert-Institut-fuer-Wissenschaften-vom-Menschen-mit). Quant au mensuel de la droite populiste „Alles Roger?“ il affirmait que la ville de Vienne avait en 2016 accordé à l’IWM une somme de 550.000 euros. . (Voir: Klaus FAIßNER, George Soros: Das Österreich-Netzwerk des Mega-Spekulanten, [George Soros: le réseau autrichien du mega-speculateur], in: Alles Roger?, 28 mai 2018, http://www.allesroger.at/artikel/george-soros-das-oesterreich-netzwerk-des-mega-spekulanten).
[34] Certaines opinions exprimées sont particulièrement âpres. Ainsi un lecteur anonyme du quotidien autrichien « Die Presse » se demande s’il est nécessaire de permettre aux « milliardaires philanthropiques » d’autres pays de venir s’installer en Autriche avec leurs « instituts douteux » pour lesquels nous devrons pendant longtemps payer les frais ». Et, à quoi bon ces établissements ? « Pour que de vieilles personnes s’encensent mutuellement et se sentent importantes comme dans une société secrète ? » Ou bien s’agit-il d’une organisation souhaitant créer un nouvel ordre mondial « à sa guise » ? (Voir: Seitenhiebe gegen Orbán in der Hofburg [Coup de griffe à Orbán au Hofburg], in: Die Presse, 8 novembre 2017, Kommentare [Commentaires] https://diepresse.com/home/ausland/aussenpolitik/5316229/Seitenhiebe-gegen-Orban-in-der-Hofburg).
[35] Une lettre qu’Erhard Busek, en sa fonction de directeur de l’Institut de l’espace Danubien et d’Europe centrale (Institut für den Donaraum und Mitteleuropa, IDM) avait adressé à la rédaction de la revue historique autrichienne « Zeitgeschichte » (L’Histoire contemporaine) peut être considérée comme une preuve particulièrement claire de l’hypersensibilité des politiciens qui siègent dans des comités de gestion ou dirigent des instituts des sciences humaines même s’ils n’ont aucune formation scientifique ou effectué des recherches dans ce domaine. En signe de protestation contre la publication de l’article « Mitteleuropainstitute, wissenschaftliche Einrichtungen oder potemkinsche Dörfer » (Les instituts d’Europe centrale, institutions scientifiques ou villages Potemkine) de Vladislav Marjanović, paru dans le numéro du novembre-décembre 1999, pp. 417-422, affirmant à tort le connaître « fort bien » (« mir bestens bekannten »), Busek s’était tout simplement désabonné de cette revue ! (Voir: Erhard BUSEK - Redaktion der Zeitschrift „Zeitgeschichte“, Wien, 29. Mai 2000. La copie de cette lettre que lui avait adressée la rédaction de la revue „Zeitgeschichte“ se trouve en possession de l’auteur). Cet exemple prouve plus que clairement à quel point certains politiciens occidentaux, qui n’hésitent pas à se désigner comme démocrates ou même chrétiens, sont loin d’être prêts de réagir aux critiques en exposant des arguments contraires de façon académique et avec dignité.
[36] Dans sa lettre adressée à la rédaction de la revue « Zeitgeschichte », Busek affirme que « l’IDM ne s’entend pas comme étant exclusivement un institut scientifique et surtout pas comme quelconque représentant d’une idée d’Europe centrale douteuse, mais effectue un travail tout à fait pratique en faveur de la transformation et de l’élargissement de l’Union européenne (sic !) (Ibid)
[37] L’auteur de ce texte en a fait l‘expérience personnelle. Lorsque le professeur Alois Mosser, qui enseignait à l’Université des sciences économiques de Vienne, l’avait proposé de prendre part à un projet de la Commission pour l’Europe du Sud-Est de la Fondation « Pro Oriente », l’auteur, bien qu’il y avait donné son approbation, a aussitôt remarqué que ceci ne pourrait être faisable à cause de l’opposition que pourrait présenter Erhard Busek vu son rôle dans cette Fondation. le professeur Mosser avait essayé de dissiper ces doutes affirmant que le choix des collaborateurs de ce projet n’est que du ressort de son directeur mais pas des politiciens qui les parrainent. Or, peu après l’auteur obtenait un e-mail du professeur Mosser lui annonçant d’être impuissant face au veto d’Erhard Busek. Malheureusement, cet e-mail, qui aurait pu être une preuve de valeur concernant l’immixtion de la politique dans la science et du choix des chercheurs n’a plus pu être retrouvé. Par conséquent, l’auteur ne peut soutenir la vérité sur cet événement que par son honneur.
[38] Polen finanziert Institut für Wissenschaften vom Menschen, [La Pologne finance l’Institut für Wissenschaften vom Menschen], in: Der Standard, 11. November 2013, https://derstandard.at/1381371515515/Polen-finanziert-Institut-fuer-Wissenschaften-vom-Menschen-mit