QUI MÈNE LE DJIHAD CONTRE L’ÉDUCATION SCOLAIRE ?
Un pavé dans la mare
La réponse à cette question offerte par l’auteure du livre mentionné ci-dessus ne peut être plus claire. Selon elle, c’est bel et bien l’immigration massive en provenance des pays du Proche et du Moyen-Orient. Soudoyée par le prosélytisme des adeptes d’un islamisme radical toléré ou, voire même, favorisé par les forces politiques gauchisantes, son emprise en Autriche (et tout particulièrement dans sa capitale Vienne) a fini par obtenir des proportions inquiétantes. En soulevant ce problème, le livre« Kulturkampf dans les classes scolaires» de Susanne Wiesinger a provoqué l’effet d’un pavé jeté dans la mare.
« Kulturkampf im Klassenzimmer » - Susanne Wiesinger (en collaboration avec Jan Thies) Wien, Quo Vadis Veritas Vlg, 2018
Le choc était d’autant plus retentissant que l’auteure est non seulement enseignante mais aussi haut fonctionnaire du syndicat des enseignants affilié au Parti social-démocrate autrichien (SPÖ). En agissant ainsi, elle a littéralement défiée la discipline rigide à laquelle ses adeptes –sans parler de fonctionnaires – sont soumis. Ainsi son livre était devenu non seulement une mise en question de l’attitude de la communauté islamiste face à l’intégration, mais aussi – sinon davantage – un véritable réquisitoire contre la politique scolaire autrichienne dominée par les sociaux-démocrates surtout au cours de la décennie où ils partageaient le pouvoir avec le Parti populaire (conservateur) autrichien (ÖVP) entre 2007 et 2017.
Naturellement, la réaction ne se faisait pas attendre. Les instances du Parti social-démocrate ayant la charge de l’éducation scolaire ne tardaient pas à lui reprocher de s’être démarquée de l’attitude officielle du Parti envers l’immigration. On l’accusait d’avoir d’autant plus nui à son image car elle avait publié son livre dans une maison d’édition appartenant non aux socio-démocrates mais au richissime homme d’affaires autrichien Dietrich Mateschitz, propriétaire de la célèbre société des boissons énergisantes « Red Bull » et connu par son attitude hostile envers l’immigration[1]. Critiquée par ses camarades du Parti, voire même boycottée par un bon nombreux d’entre eux dès son premier interview à ce sujet accordé le 12 mars 2018 au journal électronique « addendum »[2] de Mateschitz et pour avoir collaboré, dans la préparation de son livre avec Jan Thies, le chef du Département télévisé de la Maison d’édition Quo Vadis Veritas appartenant à Mateschitz aussi , Susanne Wiesinger n’avait plus de choix que de quitter le Syndicat des enseignants (proche d’ailleurs au Parti social-démocrate autrichien).
Le djihad dans les établissements scolaires
À en juger à la base des réactions publiées dans les réseaux sociaux, la parution du livre « Kulturkampf dans les classes scolaires » semble avoir provoqué au sein de l’opinion publique autrichienne plutôt un sentiment de soulagement que d’indignation. Le fait qu’en septembre 2018 son livre était devenu best-seller et objet d’une multitude de discussions transmises par les médias pourrait être considéré comme preuve. Le public a apparemment apprécié qu’une personnalité compétente avait osé exposer ouvertement son angoisse en présence de l’apparition d’une société parallèle patriarcale, conservatrice, théocratique, absolument intolérante et totalitaire. Sa progression l’inquiète. La tentative de certains cercles politiques faisant tous écho des conceptions diffusées par la Fondation pour une société ouverte et le Parti démocrate américain, que ce soit de ceux des partis de gauche, des églises catholique et protestante, des ONG ou de l’Union Européenne de jeter le voile sur ce problème ou de le minimiser semble être de moins en moins convaincante. Bien au contraire, il devient de plus en plus clair que les efforts entrepris jusqu’à présent en faveur de l’intégration au nom d’une tolérance confondue avec la soumission ont échoué lamentablement. Susanne Wiesinger le démontre d’ailleurs à la base des faits et de son expérience. En effet, comme le prouvent aussi les statistiques officielles reproduites dans son livre, dans toutes les grandes villes autrichiennes en commençant par Vienne, de véritables quartiers musulmans se sont constitués. Celui du Xème arrondissement de la capitale, connu aussi sous le nom de Favoriten, joue le rôle de vedette. C’est là que l’auteure avait travaillé comme enseignante pendant des années. C’est ce travail qui lui a permis de devenir témoin oculaire d’une transformation sociale dont l’ampleur l’inquiète. En effet, comme elle l’affirme, dans certaines écoles de ce quartier on peut trouver des classes où parmi 25 élèves même 21 sont d’origine étrangère provenant, dans la plupart des cas, des pays du Proche et du Moyen-Orient. Étant donné que la majorité des écoliers originaires des pays musulmans ne parlent qu’un allemand boiteux, le niveau d’instruction scolaire régresse. Mais, il y a pire. Les élèves musulmans, fort influencés par leur milieu familial et communautaire, exigent que dans les écoles autrichiennes les normes religieuses et morales islamiques soient appliquées à la lettre, que les écoles aient un lieu de prière, que la nourriture et les boissons dans les cantines scolaires soient « halal » (licites), que les filles musulmane soient habillées de façon musulmane réglementaire et qu’elles ne participent pas aux activités sportives, théâtrales, littéraires ou musicales. Les élèves musulmans adolescents n’hésitent même pas à agir comme une sorte de police des mœurs. Non seulement qu’ils se contrôlent mutuellement dans l’application stricte des règles islamiques, celui du jeûne du ramadan tout particulièrement, mais ils imposent aussi aux instituteurs le choix des sujets dont on peut parler ou non. Plus qu’un Kulturkampf, c’est un véritable djihad qui se déroule dans les établissements scolaires autrichiens dont les grands médias du pays n’informent qu’exceptionnellement.
Le rôle néfaste des sociaux-démocrates
Pour Susanne Wiesinger ceci est la preuve éclatante de l’échec de la politique d’intégration des socio-démocrates. Selon elle, ces derniers ont commis une grave erreur en confondant la tolérance avec la complaisance envers le fondamentalisme islamiste. Pire, ils continuent de faire profil bas dans l’espoir de gagner leurs cœurs et, comme Susanne Wiesinger le précise, aussi leur soutien lors des élections. L’auteure ne cesse de reprocher aux autorités de la ville de Vienne, toujours contrôlée par les sociaux-démocrates, leur laxisme envers une évolution inquiétante pour l’ensemble de la société. Or, ceux-ci ne veulent y voir que cas isolés. Toute affirmation contraire, explique Susanne Wiesinger, est immédiatement taxée d’islamophobie ou de racisme ce qui ne reste pas sans conséquences sur la carrière politique et professionnelle du plaignant.
Jürgen Czernohorszky, conseiller pour l’Éducation de la Ville de Vienne préfère plutôt parler des « conceptions erronées » que de l’Islam et mets en garde contre l’ « hystérisation » des problèmes dans certaines écoles viennoises
Afin d’éviter toute remise en question de l’attitude officielle concernant l’éducation scolaire des élèves musulmans, les instituteurs sont fréquemment invités à prendre part aux séminaires de formation continue organisées par des institutions pédagogiques fortement contrôlées par les sociaux-démocrates où on leur récite toujours de nouveau la mantra de la tolérance à l’égard des mœurs des immigrés provenant des pays musulmans. Ceci revient implicitement à une sorte de lavage de cerveau initié « d’en haut ». Par conséquent (et pour éviter les ennuis aussi avec les autorités de la ville) la plupart des « profs » se soumet, bon gré-mal gré aux exigences de leurs élèves, des parents et de leurs communautés religieuses islamiques, constate l’auteure. Certaines enseignantes, affirme Susanne Wiesinger, surtout celles qui sont musulmanes, se voilent. D’autres font attention à leurs habits, évitent de parler des sujets pouvant soulever des conflits et abaissent les critères pour les examens et les tests. La tendance à la soumission est manifeste.
Si toute ressemblance avec le sujet du fameux roman du même nom de Michel Houellebecq ne peut être que fortuite, la lecture du livre de Susanne Wiesinger démontre avec d’autant plus de force que le problème de la soumission à l’emprise d’une idéologie totalitaire anachronique et rétrograde présentée comme religion est loin d’être une simple fiction littéraire. Bien au contraire, elle est en train de se réaliser et d’anéantir tous les acquis de l’émancipation et de l’humanisation de la société. D’ailleurs, comme le remarque l’auteure, les espoirs que la seconde ou la troisième génération issue de l’immigration musulmane serait complètement assimilée dans la société autrichienne, c’est avérée fausse. Bien au contraire, juste ces générations se laissent emporter par le radicalisme islamiste. Alors…
Que faire ?
Susanne Wiesinger ne donne pas de réponse claire. Selon elle il suffirait de réduire le nombre des élèves issus de l’immigration musulmane dans les classes car ceci faciliterait non seulement l’apprentissage de la langue allemande mais aussi l’intégration dans la société autrichienne. Solution miracle qu’elle propose : pas plus de sept élèves étrangers dans des classes! Facile à dire mais difficile de l’appliquer vu le grand nombre et la concentration des immigrés dans certains quartiers de plus ou moins toutes les grandes villes autrichiennes. Autre solution miracle : remplacer les cours de religion par des cours d’éthique obligatoire pour tous car ceci leur permettrait d’acquérir des connaissances sur d’autres religions et favoriserait la promotion des valeurs de la tolérance. Certainement. Mais jusqu’à ce que les élèves parviennent à un âge où ils arriveraient à comprendre la véritable valeur des métaphores philosophiques religieuses il y aura un travail de longues années à faire et, entretemps, les jeunes resteront exposés à des influences idéologiques simplifiés de leur propre milieu d’origine. Ils profiteront, d’ailleurs, du système d’enseignement antiautoritaire à contrecarrer les tentatives de mettre sur pied d’égalité l’Islam avec d’autres religions monothéistes, sans parler des religions animistes ou de l’athéisme. Sans un changement radical du système d’enseignement scolaire existant, des solutions pareilles, aussi attrayantes qu’elles le soient, risquent d’être vouées à l’échec.
Curieusement, Susanne Wiesinger, qui est pédagogue, ne se pose pas la question si le système scolaire existant ne pose pas d’obstacles au développement spirituel et intellectuel des jeunes alourdissant ainsi l’intégration des élèves d’origine étrangère aussi. La concentration sur le travail en groupe, tests, enseignements par sujets (modules) privés de continuité, stimulation des discussions sans connaissance de l’enchaînement des faits, le tout dans la bonne intention de développer l’esprit de dialogue, ne transforme-t-elle pas les cours en séances de bavardage mettant en cause la réalisation du programme d’enseignement prévu ? En effet, les élèves sont doublement handicapés. D’un côté ils n’obtiennent pas la connaissance suffisante des faits et, faute d’examens oraux, n’arrivent pas à apprendre à s’exprimer. Cette conception, apparemment erronée, arrivée (imposée ?) en Europe de l’autre côté de l’Océan, entrave l’évolution spirituelle des jeunes au point qu’une grande partie entre elle n’est capable que de réagir aux stimulations extérieures mais pas de réfléchir de façon critique indépendante. Les élèves musulmans en sont particulièrement concernés. Ou bien, faute de maîtrise de la langue, ils ne peuvent pas se trouver en situation d’apprendre à s’exprimer correctement, ou bien, au nom de la tolérance religieuse, ils exigent des privilèges et n’hésitent pas à imposer leur attitude endoctrinée aux enseignants. La condition des jeunes réfugiés arrivés récemment est encore plus précaire. Bien qu’ils ne sachent pas ou à peine la langue allemande, on n’hésite pas de les mettre dans des classes de lycée où ils ne sont pas en état de suivre les cours. Or, Susanne Wiesinger n’évoque pas ce problème dans son livre. Pourtant il existe et cause de graves problèmes dans l’éducation des jeunes réfugiés que l’on souhaite officiellement intégrer.
Le retour à la méthode d’enseignement frontal, pourrait-il être une solution ? Apparemment nul pédagogue – Susanne Wiesinger inclue – ne semble pas prêt d’évoquer cette possibilité publiquement. On la considère toujours comme anachronique et autoritaire où les élèves sont réduit au niveau d’un objet passif du système d’éducation scolaire. En effet, les élèves étaient obligés d’écouter l’exposé de l’instituteur, de répondre à ses questions, toute discussion entre les élèves étant proscrite. Mais ce système considéré peut-être à tort comme périmé, permettait aux élèves de suivre des cours en continuité, de vérifier leurs connaissances, d’acquérir certaines notions et de mémoriser certains faits pouvant leur être utile comme orientation dans leur vie professionnelle future. En plus, les examens oraux les forçaient à apprendre à s’exprimer. Enfin, les élèves ont aussi besoin d’acquérir un sentiment de discipline, de savoir où sont les limites du licite et de l’illicite et qu’elles peuvent être les conséquences si on les transgresse. Naturellement, si les élèves sont informés à temps (ce qui n’était, malheureusement pas fait à l’époque) pourquoi on exige telle ou telle connaissance ou un comportement décent, il est fort probable qu’ils finiront par être acceptés. Enfin, si l’enseignement repose sur des principes certes humaines mais stricts qui ne permettra pas la remise en question des valeurs citoyennes acquises au nom des principes d’une confession quelconque, elle pourrait acquérir le respect même des communautés religieuses fondamentalistes.
En effet, dans le domaine de l’éducation et de l’intégration des immigrés surtout de ceux d’origine musulmane provenant du Proche ou du Moyen-Orient il reste beaucoup à faire. Toute une méthode devrait-être élaborée pour aider aux jeunes adolescents ayant fui leurs pays ravagés par les guerres, de pouvoir rattraper leur éducation scolaire interrompue, acquérir un métier ou parvenir à s’inscrire à l’Université. Or, un autre travail, rien moins important, serait de réduire l’emprise de l’islamisme radical dans l’enseignement. Il va sans dire qu’il faut s’engager davantage dans la formation des jeunes et, en même temps, de s’opposer efficacement à l’influence des cercles fondamentalistes quels qu’ils soient. Mais il est encore plus important de combattre la conception de la tolérance confondue avec le laxisme que soutiennent les forces politiques de la gauche bien-pensante, le Parti social-démocrate autrichien en tête. Sans ce laxisme, l’emprise de l’islamisme radical dans les établissements scolaires dans ce pays aurait certainement était moindre voire même inexistant. C’est sans aucun doute le plus grand mérite du livre de Susanne Wiesinger d’avoir osé (enfin) de montrer la plaie du doigt en dépit du risque de se voir accusée de jouer le jeu de l’extrême-droite autrichienne soutenue par Moscou. Quant aux effets de son réquisitoire sur le développement ultérieur du djihad dans les classes scolaires, on voit les premières fissures même au sein du Parti social-démocrate autrichien. Le 13 septembre 2018, donc à peine trois jours après la parution du livre le chef de cette mouvance politique, l’ancien chancelier autrichien Christian Kern déclare au quotidien « Kleine Zeitung » d’avoir eu une entrevue avec Susanne Wiesinger et d’être complètement d’accord avec son point-de-vue critique ![3]
L’ex-chancelier autrichien et ancien président fédéral du Parti social-démocrate Christian Kern lors de son interview au quotidien « Kleine Zeitung » : « Je partage la critique de Madame Wiesinger ».
Ce soutien est, cependant, resté sans effet. Cinq jours après cette déclaration Kern avait annoncé qu’il allait quitter son poste de chef du Parti social-démocrate. Quant à Susanne Wiesinger, on aurait pu avoir l’impression que l’intérêt pour son livre et son engagement s’est, depuis début octobre, quelque peu tari. Peut-être à tort car de temps à autre l’affaire rebondit. Apparemment, le dernier mot concernant le Kulturkampf dans les classes scolaires n’est pas encore dit.
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[1] Dietrich (Didi) Mateschitz, qui détient 49% des actions de la compagnie „Red Bull GmbH“. Sa fortune estimée à 23 milliards de dollars US. Il est considéré comme la plus riche personnalité autrichienne. Voir : Huber PATTERER et Gerhard NÖHRER, Red Bull Chef rechnet mit Österreichs Flüchtlingspolitik ab (Le propriétaire du Red Bull règle les comptes avec la politique autrichienne des réfugiés), in : Kleine Zeitung, 8 avril 2018, https://www.kleinezeitung.at/steiermark/chronik/5197881/Dietrich-Mateschitz-im-Interview_Red-BullChef-rechnet-mit
[2] Brennpunkt Schule: Machtlos gegen islamische Einflüsse? (Point chaud école: impuissants contre les influences islamiques?) in : addendum, 12 mars 2018, https://www.addendum.org/schule/islam-in-der-schule/
[3] Georg RENNER, Kern:“Ich teile die Kritik von Frau Wiesinger“ (Kern: je partage la critique de Madame Wiesinger), in: Kleine Zeitung, 13 septembre 2018, https://www.kleinezeitung.at/politik/innenpolitik/5495526/Interview_Kern_Ich-teile-die-Kritik-von-Frau-Wiesinger